Rétrospective des JO : une tour des juges coincée entre Paris 2024 et la population locale

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Elle a déchaîné les passions et attiré l’attention des médias nationaux, mais aussi internationaux. Elle, c’est la très controversée tour des juges de Teahupo’o. Pierre d’achoppement entre Paris 2024 et la population locale, la structure d’arbitrage a obligé le gouvernement Brotherson à avancer sur une ligne de crête. Retour sur une année compliquée de préparations pour l’accueil des Jeux Olympiques à Tahiti.

Publié le 31/12/2023 à 9:00 - Mise à jour le 24/07/2024 à 11:06

Elle a déchaîné les passions et attiré l’attention des médias nationaux, mais aussi internationaux. Elle, c’est la très controversée tour des juges de Teahupo’o. Pierre d’achoppement entre Paris 2024 et la population locale, la structure d’arbitrage a obligé le gouvernement Brotherson à avancer sur une ligne de crête. Retour sur une année compliquée de préparations pour l’accueil des Jeux Olympiques à Tahiti.

Année charnière pour l’organisation des épreuves de surf aux JO de Paris 2024. Un dossier dont le gouvernement Brotherson a hérité après son élection en mai. Et si la signature de la convention est intervenue sous le gouvernement Fritch, et que les travaux d’aménagement ont commencé depuis février, c’est bien au leader du Tavini, élu en avril, de lancer le chantier de la nouvelle tour des juges.

Mais la perspective d’une structure en aluminium à plus de 500 millions de francs est loin d’être populaire. Les crues monstres à Teahupo’o, mi-mai, ont semé le doute au sein de la population locale sensible aux signes de la nature. 

La Shiseido Tahiti Pro du 11 au 20 août doit justement servir de « test event » pour 2024. Car l’organisation des JO doit répondre à un cahier des charges contraignant avec une sécurité renforcée. Une sécurité que le ministre des Outre-mer a pu voir de plus près en pleine compétition le 16 août.

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« Il y aura 600 policiers et gendarmes qui seront mobilisés pendant la grosse dizaine de jours entre les entrainements et la compétition officielle. Avec, évidement, un accueil particulier à l’aéroport », expliquait Gérald Darmanin. Cette visite était également l’occasion d’annoncer la contribution de l’Etat à la construction de la tour. « On a décidé d’abonder financièrement pour que cette tour des juges soit totalement rénovée. Elle sera en aluminium, parfaitement moderne. Elle correspondra à tous les besoins pour cette compétition exceptionnelle », se félicitait Philippe Vigier, le ministre délégué en charge des Outre-mer.  

Mais à la presqu’île, une partie de la population menée par le collectif Mata Ara Ia Teahupo’o ne veut pas de cette tour et le fait savoir avec une marche en octobre.  Un mois plus tard, la solution d’un édifice allégé ne leur toujours convient pas. Et de nouvelles voix s’élèvent comme celle de Matahi Drollet ou de Titouan Bernicot, fondateur des Coral Gardeners.

Depuis le forum des îles du Pacifique, Moetai Brotherson propose alors le site de Papara. Hors de questions pour Paris 2024 : ce sera Teahupo’o avec une tour en alu, sinon rien. Idem pour la WSL, qui menace même de se retirer. Pas question pour l’organisation de conserver une tour en bois qui n’est plus aux normes depuis 15 ans. Mais les premiers essais filmés en direct sur les réseaux sociaux montrent les premiers dégâts sur le corail. Le chantier est alors suspendu à la demande du président du Pays.

Pendant ce temps, l’heure tourne et les travaux de la tour deviennent urgents. Dans une dernière tentative, une réunion est organisée le 11 décembre avec les associations afin de leur détailler la fiche technique de la structure allégée et le calendrier des travaux.

« On a démontré, ce soir, visuels à l’appui, que cette nouvelle tour révisée grâce aux exigences des associations, elle fait la même surface, le même volume, la même hauteur et le même poids que la tour en bois », soulignait Moetai Brotherson à l’issue de la rencontre.

Les esprits enfin apaisés, les travaux reprennent dès le lendemain. Mais certains élus au sein du Tavini ne digèrent pas cette situation. L’examen le 18 décembre à Tarahoi d’un texte sur l’accélération des travaux est l’occasion des dernières passes d’armes.

« Il est à espérer que nous ne sacrifions pas, une fois de plus, notre intégrité morale dans ce processus qu’on nous impose », déclarait l’élue indépendantiste Maurea Maamaatuaiahutapu. « Vous avez le pouvoir d’arrêter ces jeux, pourquoi vous ne le faîtes pas ? Pourquoi continuer à gémir ? Pour pouvoir parler des essais nucléaires ? », lui répondait Edouard Fritch. Le texte est finalement adopté à l’unanimité, permettant de mettre le cap sur le 22 mai 2024, et la première manche du circuit pro.

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