Collecte des déchets : Papeete facture désormais au volume des poubelles

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Fini la tarification à la surface pour la collecte des déchets à Papeete. Soumise à de fortes dépenses de gestion des détritus, la commune a décidé de facturer en fonction de la production d’ordures des uns et des autres. Une nouvelle redevance « incitative » pour pousser les particuliers tout comme les professionnels à réduire le contenu de leur poubelle.

Publié le 14/10/2024 à 5:00 - Mise à jour le 14/10/2024 à 15:26

Fini la tarification à la surface pour la collecte des déchets à Papeete. Soumise à de fortes dépenses de gestion des détritus, la commune a décidé de facturer en fonction de la production d’ordures des uns et des autres. Une nouvelle redevance « incitative » pour pousser les particuliers tout comme les professionnels à réduire le contenu de leur poubelle.

Payer en fonction du volume de sa poubelle, voilà ce qui se cache derrière le concept de « tarification incitative » aujourd’hui expérimenté par la commune de Papeete. Jusqu’à présent, la municipalité appliquait un coefficient en fonction des mètres carrés. Une tarification qui n’avait plus vraiment de sens alors que les plus gros producteurs de déchets n’ont pas forcément besoin de grands espaces.

Mais si Papeete est la première à se lancer dans cet exercice, c’est aussi parce qu’elle est soumise à la plus forte densité de population. Soit aujourd’hui 27 000 administrés, auxquelles s’ajoutent quelque 80 000 à 100 000 visiteurs par jour. Dans ce contexte, la production de déchets monte en puissance chaque année dans la capitale, atteignant aujourd’hui plus de 15 000 tonnes. Aussi la commune a vu ses charges exploser depuis 2012, date de la dernière mise à jour de ses tarifs.

« En 2012, l’écart entre les recettes et les dépenses s’élevait à l’époque à 300 millions, en 2023 on est à plus de 500 millions. Donc aujourd’hui, on dépense plus de 850 millions pour des recettes bien inférieures, 350 millions. Il y a un déséquilibre important qu’il fallait effectivement résoudre » souligne le responsable du bureau de la propreté urbaine de la Ville, Moerani Gauthier. Pour la commune, il s’agit de réduire l’écart, quitte à adapter ces tarifs.

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Si pour les administrés (propriétaires de maison individuelle), le prix restait le même quel que soit le volume de la poubelle (120 à 600 litres), la nouvelle redevance augmente en fonction du litrage : de 31 100 francs pour une poubelle de 120 litres, jusqu’à 125 000 francs pour un bac de 600 litres. « Lorsque l’information a été envoyée aux particuliers, ils sont tous venus demander de diminuer leur bac à 120 litres. Et c’est normal » commente le responsable. « Normalement, un ménage a besoin simplement d’un 120 litres et non pas d’un 240 ».

« Une société qui avait une dizaine de bacs gris cherchera à faire des économies et réfléchira aujourd’hui à la production de ses déchets, à comment les réduire. »

Moerani Gauthier, responsable du bureau de la propreté urbaine de la Ville

Même principe pour les professionnels. Une institution comme l’assemblée de Polynésie française qui payait plus d’un million de francs pour ce service en 2023 verra sa facture quasiment divisée par deux. Pour une activité de service comme un assureur, l’augmentation sera modeste. En revanche, un restaurateur qui génère énormément de déchets, verra sa facture s’envoler.

« Une société qui avait une dizaine de bacs gris cherchera à faire des économies et réfléchira aujourd’hui à la production de ses déchets, à comment les réduire, par le recyclage, le tri, où la valorisation de ses déchets biodégradables. Et peut-être qu’elle se rendra compte qu’au lieu d’avoir dix bacs, elle pourrait n’en avoir que cinq » poursuit Moerani Gauthier.

Du reste, les professionnels n’étant pas des administrés, leurs déchets représentent du travail supplémentaire pour les communes. Ces derniers peuvent donc aussi choisir de faire appel à un prestataire comme la TSP pour la collecte de leur déchet. « Aujourd’hui, nous avons entre 300 et 400 sociétés qui viennent déposer des déchets ici dans nos installations, des fois très ponctuellement et des fois tous les jours » rapporte le directeur général de Fenua ma, Benoît Layrle. « Une solution qui selon le type de déchets n’est pas forcément super avantageuse rapportée aux tarifs de la commune ». D’où l’intérêt pour les communes d’adopter le « juste prix » face aux professionnels.

Trier plus pour payer moins, c’est d’ailleurs la devise du syndicat mixte spécialiste du tri, qui applique déjà des tarifs incitatifs. « C’est vraiment ça la philosophie. Il faut que les gens qui trient bien soient récompensés. Et donc, nous, on leur explique qu’en triant bien, l’augmentation sera modérée. Par contre, quelqu’un qui trie mal, il va vraiment se prendre une claque. C’est comme les gens qui laissent le robinet d’eau couler » résume Benoît Layrle.

La réflexion est en tout cas engagée dans d’autres communes, qui devraient, elles aussi, s’inspirer de la tarification incitative pour équilibrer leur compte.

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