La Polynésie connaît une décroissance rapide de l’épidémie, c’est ce qu’ont révélé ce mercredi les chiffres avancés par la plateforme covid. Depuis trois semaines, l’ensemble des indicateurs sont en baisse. Concernant le nombre exacte de cas actifs, il est devenu « très difficile d’avoir des chiffres précis », a indiqué l’épidémiologiste Henry-Pierre Mallet. En raison de la mise en circulation des autotests, le nombre de cas actifs est « probablement sous évalué » mais « il y a une baisse dans l’ensemble des archipels ».
Au CHPF également, la pression diminue. Les lits qui avaient été installés dans la nef ont été retirés, mais le taux d’occupation des lits reste pour autant très élevé.
On compte en moyenne 6,5 admissions pour 1000 habitants, pour la période de cette seconde vague. A Taiohae où un seul décès est à déplorer, si l’incidence reste forte – environ 400 cas pour 100 000 habitants, le taux d’hospitalisation est très faible. Un constat « très probablement dû à un fort taux de vaccination« , a estimé le Dr Mallet.
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Malgré une décroissance globale forte « aussi rapide quasiment que la montée », le niveau d’alerte 4 est maintenu cette semaine et « le niveau épidémique actuel correspond au sommet de la première vague », a rappelé Dr Mallet.
Près de la moitié des Polynésiens vaccinés
54,83% des Polynésiens ont reçu au moins une dose de vaccin et 49,14% de la population globale est aujourd’hui complètement vaccinée. Sur les 227 000 personnes éligibles au vaccin, on compte ainsi plus de 137 000 schémas vaccinaux complets. Sur la population des plus de 12 ans, on compte donc 60,4% de personnes complètement vaccinées.
C’est aux Tuamotu que la couverture vaccinale est la moins élevée, avec 50,6% de la population éligible. Une mission y est prévue dès la semaine prochaine pour continuer la vaccination, notamment dans les îles les plus éloignées, a indiqué Daniel Ponia, responsable de la vaccination.
A partir d’octobre, les personnes ayant contracté la covid début août pourront recevoir leur première dose. « Le rythme diminue depuis 3 semaines. […] On n’est pas à l’abri de quoi que ce soit, il faut absolument poursuivre cette vaccination qui a fait sa preuve c’est prouvé de façon mondiale », a assuré Dr Mallet. « Le facteur de risque principale de forme sévère, c’est l’absence de vaccination ».
Autres facteurs de risque principaux observés chez les personnes hospitalisées : l’âge supérieur à 50 ans mais aussi l’obésité chez les moins âgés et les autres comorbidités chez les plus âgés.
Augmentation des prises en charge des patients post-covid
Si la courbe des hospitalisations est en baisse, celle des prises en charge post-covid continue de grimper. Car après avoir été hospitalisée, une partie des patients reste oxygéno-requérants : leurs poumons se trouvent abimés et un travail de rééducation est nécessaire pour qu’ils réapprennent progressivement à respirer, faire des efforts, etc.
Ces patients sont idéalement placés sous oxygénateur à domicile ou pris en charge avec une rééducation active par les centres spécialisés Ora Ora ou Te Tiare. On compte aujourd’hui plus de 700 installations de concentrateurs d’oxygène. « La covid, ce n’est pas seulement l’hospitalisation […] mais aussi des séquelles qui peuvent durer des semaines », a rappelé Dr Mallet.
Un chiffre non négligeable qui rend autant de personnes dépendantes de concentrateurs ou extracteurs d’oxygène et donc dépendantes de l’électricité. En cas de coupure de courant, la recherche de la localisation des patients sous oxygénothérapie pose problème.
Par soucis de protection de leurs données personnelles, « il faudrait qu’ils puissent remplir un formulaire d’autorisation et qu’ils l’adressent à l’ARASS » pour permettre de distribuer les données nécessaires à EDT et aux secours – pompiers, SAMU – en cas de coupure de courant, a indiqué le Dr. Bruno Cojan, inspecteur de la santé publique.
Depuis le 25 août, le ministre de l’énergie Yvonnick Raffin a pris des mesures de sécurité en demandant à EDT de suspendre tous les travaux de maintenance. Il a également demandé la suspension des procédures concernant les retards de paiement pour que les patients qui ne peuvent pas régler leurs factures puissent rester sous oxygénothérapie.
« Pas d’étude consolidée » sur l’ivermectine
Le Dr Bruno Cojan a tenu à rappeler que l’ivermectine a obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en tant que traitement anti parasitaire. Il a cependant précisé qu’un médecin a la possibilité de prescrire un médicament hors AMM dans le cadre d’une prise en charge Covid. Cependant, cette prescription est soumise à condition : elle doit faire l’objet d’une demande auprès de l’ANSM et le taote doit informer le patient que la prescription qu’il fait est hors AMM.
Pour autant, « il n’y a pas d’étude consolidée qui vient confirmer ou infirmer l’utilité de l’ivermectine dans ce cadre là », pas sur l’homme en tout cas pour l’instant, a constaté Dr Cojan.
Peu d’inquiétude vis-à-vis du variant MU
En Polynésie, le variant Delta est désormais très majoritaire : « nous n’avons plus que du Delta en Polynésie », a estimé Dr Mallet. Les variants Alpha, Beta et la Gamma se sont quasiment éteints, selon lui. Il se montre également peu inquiet face à la diffusion du variant Mu.
Ce dernier ne semble pas se diffuser de façon significative dans les pays où le Delta prédomine. Seuls deux cas importés ont été détectés en Polynésie, en juillet. Ils ont été isolés dès leur arrivée et n’ont pas été diffusé.