Deux vétérinaires à la rescousse des animaux dans les îles éloignées

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Jeunes vétérinaires arrivés au fenua il y a un an et demi, Margaux Douard et Lorenzo Manis se sont donnés pour mission de sillonner les îles dépourvues de spécialistes pour y soigner et stériliser les animaux. Après avoir fait appel aux voileux polynésiens pour les transporter, ils espèrent obtenir un soutien institutionnel pour mener à bien leur projet.

Publié le 28/12/2023 à 15:39 - Mise à jour le 04/03/2024 à 15:20

Jeunes vétérinaires arrivés au fenua il y a un an et demi, Margaux Douard et Lorenzo Manis se sont donnés pour mission de sillonner les îles dépourvues de spécialistes pour y soigner et stériliser les animaux. Après avoir fait appel aux voileux polynésiens pour les transporter, ils espèrent obtenir un soutien institutionnel pour mener à bien leur projet.

Ils ont déjà roulé leur bosse au fenua et veulent continuer à en explorer les îles pour s’y rendre utiles. Vétérinaire à Paea, Margaux Douard et son homologue de Taravao Lorenzo Manis veulent poursuivre leurs aventures aux quatre coins de la Polynésie. Arrivé il y a un an et demi, ce dernier a déjà eu l’occasion d’exercer à Fakarava, Nuku Hiva et Ahe. Il constate vite que la demande de la population en termes de soins vétérinaires est importante, et surtout, que le bouche-à-oreille fonctionne. « On a reçu des demandes de personnes désespérées, qui n’avaient pas d’accès aux soins pour leurs animaux. On ne peut qu’avoir envie de les aider » , acquiesce Margaux.

Ils publient alors une annonce sur un groupe Facebook d’entraide entre voiliers de Polynésie, à la recherche de bateaux pour se rendre sur les îles reculées ne disposant pas d’aéroports. Très vite, ils rencontrent un soutien massif et reçoivent des messages des propriétaires de navire. « On ne pensait pas que ça prendrait autant d’envergure« , concède Margaux. Reste à disposer, une fois sur place, du consommable et de bonnes conditions pour opérer. Une organisation qui justifie notamment du prix des stérilisations : la castration d’une chienne peut valoir plusieurs dizaines de milliers de francs,

Outre la partie voyage, qui dépendra des bateaux disposés à les emmener, la paire pense à faire un appel aux dons privés, et se voit partir à minima trois mois dans les Tuamotu, dès février, où ils espèrent pouvoir stériliser plus d’une centaine d’animaux. « Le projet se fera, assure Margaux. Mais si on a moins de financement, on ne pourra stériliser que peu d’animaux, ou seulement les animaux des propriétaires qui auraient les moyens de le faire, et ce serait dommage » , l’idée étant de rendre les soins accessibles aux (nombreux) propriétaires d’animaux moins fortunés. « 300 stérilisations, ce serait génial » , sourit la pétillante bretonne.

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Autre piste de financement, pas forcément évidente, celle du Pays par la voie associative. Le milieu associatif et certains professionnels ont longtemps fait du pied au gouvernement pour obtenir des subventions ou une meilleure prise en charge des animaux. En 2017, Virginie Bruant, ministre de l’ultime gouvernement Fritch, avait par exemple soutenu la loi exonérant les actes de stérilisation et d’identification des chiens et des chats de TVA. Début décembre 2023, le gouvernement Brotherson a annoncé une enveloppe de 60 millions de Fcfp (contre 13 milliions en 2022 – NDLR) à 10 associations pour lutter contre la surpopulation animale sur Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea, Rangiroa et Rurutu. Reste donc à couvrir bon nombre d’îles aux Tuamotu… ce que Margaux et Lorenzo sont prêts à faire.

« On a reçu des demandes de personnes désespérées, qui n’avaient pas d’accès aux soins pour leurs animaux. On ne peut qu’avoir envie de les aider » , affirme Margaux, vétérinaire à Paea (Crédit Photo : Maragaux Douard)

Une aubaine dans la mesure où seule une soixantaine de vétérinaires exerce au fenua et que les coûts des campagnes de stérilisation, surtout dans les îles éloignées, sont importants : matériel, transport, hébergement… S’ils acceptent une opération dans les îles, les vétérinaires doivent en plus laisser leur clientèle pendant plusieurs semaines alors même qu’ils sont tenus d’assurer une continuité de soins, engendrant des suppléances et des frais supplémentaires.

Autre rôle non négligeable du vétérinaire, la prévention et une certaine pédagogie auprès des propriétaires pour minimiser le phénomène de chiens errants, un problème vieux comme le monde à Tahiti. « Personne ne s’occupe vraiment des chiens errants sur ces îles » , poursuit Lorenzo. « Ils souffrent de maladie, et peuvent en transmettre à leur tour » .

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Relevant de la compétence communale, le problème de la divagation et de l’errance animale se manifeste régulièrement par des attaques de chiens, à Tahiti. Dans les années 1990, l’ancienne association de protection animalière fenua Animalia avait dû s’appuyer sur la commune de Bora Bora pour y mener la première campagne de stérilisation de Polynésie. Boris Léontieff, à Arue, avait également pris des dispositions pour traiter les animaux de sa commune.

Le couple a également lancé une cagnotte Leetchi afin de les aider dans leur projet :

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