Edouard Fritch : « C’est extraordinaire cette réconciliation, mais bien sûr que ça paraît choquant »

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Invité sur notre plateau ce soir, Edouard Fritch est revenu sur l'importance de "faire barrage au Tavini huiraatira'a", pour justifier sa réconciliation avec Gaston Flosse. "Un miracle" pour celui qui considère le Amuitahira’a et le Tapura, comme "la famille du Tahoera’a", où une grande partie des élus rouges et blancs ont fait leurs armes.

Publié le 19/04/2023 à 20:36 - Mise à jour le 27/12/2023 à 15:51

Invité sur notre plateau ce soir, Edouard Fritch est revenu sur l'importance de "faire barrage au Tavini huiraatira'a", pour justifier sa réconciliation avec Gaston Flosse. "Un miracle" pour celui qui considère le Amuitahira’a et le Tapura, comme "la famille du Tahoera’a", où une grande partie des élus rouges et blancs ont fait leurs armes.

TNTV : Gaston Flosse et vous côte à côte, c’est une image qu’on n’avait pas vue depuis presque 10 ans. Dix ans durant lesquels vous vous êtes livré une guerre politique. Tout s’efface en fait en quelques heures ? On ne se déteste plus, on oublie tout… ?
Edouard Fritch :
« Ce n’est pas si facile que ça vous le savez mais nous sommes en Polynésie française. Depuis le début j’ai toujours essayé de faire la paix avec tout le monde. Je suis en paix avec Oscar Temaru, nous avons travaillé ensemble dans sa commune. J’attendais le jour que choisirait le Seigneur pour que l’on puisse faire la paix dans notre famille. La famille du Tahoera’a en fin de comptes. Le Amuitahira’a, le Tapura, c’est la famille du Tahoera’a. Chez moi, une grande partie de mes élus viennent du Tahoera’a Huira’atira. Et aujourd’hui, effectivement c’est un jour plein d’émotions qui je pense et je crois que Gaston Flosse aujourd’hui a cette préoccupation d’éviter que ce pays aille à l’indépendance. Il veut, comme on s’est mis d’accord d’ailleurs, faire barrage au Tavini Huira’atira. C’est l’objectif qui nous réunit aujourd’hui. »

TNTV : Vous comprenez que pour une partie de l’électorat, cette alliance puisse être improbable voire contre-nature finalement ?
Edouard Fritch : « Oui, je sais bien que ce n’est pas évident. Votre reportage est parlant. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites. J’ai demandé pardon à la population après les histoires du covid, mais je crois qu’il faut savoir pardonner aussi. Et c’est ce que je fais aujourd’hui, je fais table rase de tout ce qui a été dit sur mon compte et je me dis qu’aujourd’hui il faut qu’on se tienne par la main car c’est le seul moyen dont nous disposons aujourd’hui pour faire barrage. »

TNTV : Et vous ne craignez pas aujourd’hui que par cette alliance, vous perdiez autant d’électeurs que vous en gagnerez ?
Edouard Fritch : « Je demande à la population, à nos électeurs, à ceux du Amuitahira’a, à ceux du Tapura Huira’atira de comprendre la situation : nous allons nous battre ensemble parce que nous voulons que ce pays reste dans la République française. C’est l’objectif numero 1 et ce n’est rien que ça. Il n’y a aucun intérêt individuel, personnel dans cette affaire. »

TNTV : On ne peut pas parler de paix d’opportunité ?
Edouard Fritch :
« Si bien sûr. Bien sûr que c’est l’occasion de faire la paix. C’est une opportunité généreuse. C’est incroyable ce qui se passe aujourd’hui, enfin en tous les cas pour l’avis de la famille du Tapura Huira’atira et je suppose que pour celle du Amuitahira’a aussi, c’est une chose extraordinaire cette réconciliation, mais bien sûr que ça paraît choquant. Je comprends très bien que certains se disent mais qu’est-ce qui se passe ? Il faut croire aux miracles, il faut croire quelques fois à l’esprit polynésien. Aujourd’hui j’ai prôné depuis le début de cette campagne, le rassemblement des autonomistes parce que notre pays serait en danger sans cela. »

TNTV : La stratégie, vous le dites, c’est de contrer l’indépendance et pourtant la population ne cesse d’exprimer sa volonté de changement, ses préoccupations vis à vis du social, du logement, de l’économie. Est-ce que vous les entendez ?
Edouard Fritch :
« Bien sûr que je les entends. Je sais que la population a envie de changer, même les hommes politiques qui sont dans ce pays parce qu’au niveau du logement, au niveau de l’économie, nous avons quand même fait beaucoup de choses. Les chiffres parlent d’eux mêmes. Mais ce qu’il y a c’est ce lien de la population avec la politique. Comme je l’ai dit dimanche soir, on a parlé de désamour entre le public et les hommes politiques. Il n’y a pas de désamour. Bien sûr qu’il y a eu beaucoup d’abstentionnistes (…) Si la population veut quelque chose de nouveau, nous pouvons nous, l’apporter. Regardez nos listes, regardez les listes des autres partis autonomistes. Nous avons de quoi renouveler ce monde politique de demain. »

TNTV : Justement Edouard Fritch, en cas de victoire, comment se dessinerait ce gouvernement rouge orange ? Vous le disiez, pas question de mettre des candidats Amuitahira’a au gouvernement. Seulement sur votre liste…
Edouard Fritch :
« Je n’ai pas dit ça. J’ai dit surtout que monsieur Flosse, dans nos discussions, ne parle pas de gouvernement. »

TNTV : Donc il pourrait y avoir des candidats Amuitahira’a au gouvernement en cas de victoire ?
Edouard Fritch :
« Si je suis élu demain, et si je veux créer un équilibre dans la direction de ce Pays, (…) bien sûr, je vais prendre quelqu’un du Amuitahira’a comme je vais prendre d’autres ministres. J’ouvre le gouvernement, parce que j’ai bien compris et je l’ai dit dimanche : le Pays ne peut plus vivre aujourd’hui sous la gouvernance d’un parti fort, seul au pouvoir. Aujourd’hui il faut partager ce pouvoir. Il faut ouvrir le gouvernement. Il faut surtout que les partis autonomistes s’unissent en respectant les personnalités des uns et des autres. »

TNTV : Cette union n’est pas sans contrepartie. Vous avez concédé sur la TVA sociale que vous souhaitez supprimer progressivement jusqu’en 2024. Est-ce qu’il y aura d’autres changements, d’autres nouveautés fiscales en cas de victoire ?
Edouard Fritch :
« Pour le moment j’ai obtenu effectivement de Gaston Flosse qu’on puisse le faire progressivement. Parce que Gaston Flosse a géré ce pays. Il sait très bien que la CPS est en difficulté. Il sait très bien que pour cela il faut créer de nouvelles taxes. Il faut des taxes pour pouvoir répondre aux obligations que nous avons nous de sauver ces petites gens (…) On est tombé d’accord sur ces deux étapes, c’est-à-dire à savoir, tout de suite, de baisse cette taxe de 0.5% et de rechercher ensemble les solutions avant de la supprimer totalement. Et ce que j’ai promis c’est qu’effectivement, au 1er janvier 2024, nous trouverons une solution, parce que j’ai entendu cette population qui a beaucoup de mal à accepter cette taxe. »

TNTV : Le Ia ora te nuna’a a appelé à voter autonomiste ce matin sans plus de précision. Est-ce que vous pensez que leurs voix iront chez vous ou à A Here ia Porinetia ? Demain (jeudi, NDLR), vous devez rencontrer Teva Rohfritsch ?
Edouard Fritch :
« Oui je vais rencontrer Teva Rohfritsch et Gaston Flosse aussi. Nous allons parler de plateforme autonomiste pour la prochaine gouvernance, pour la prochaine majorité, et il faut préparer l’avenir. (…) »

TNTV : Vous espérez que Teva Rohfritsch se rallie à votre alliance ?
Edouard Fritch :
« Il a fait une annonce : il va soutenir les autonomistes et je le remercie pour cela parce qu’il faut soutenir, mais sans précision. Maintenant, effectivement, je parle aux électeurs : entre A Here Ia Porinetia et le Tapura, il est évident aujourd’hui que c’est le Tapura Huira’atira qui peut faire barrage au basculement de ce pays et à la mise en péril de ce pays avec l’indépendance. Il n’y a que nous qui pouvons le faire. Donc merci Teva. Bien sûr que j’aurais souhaité que ce soit plus précis sur le soutien, mais c’est bien déjà. C’est bien que Teva annonce qu’on va soutenir les autonomistes. »

TNTV : Le A Here Ia Porinetia qui a choisi, lui, de partir seul, on le sait, est maintenant la 3e force politique de ce Pays. Est-ce que vous le craigniez ?
Edouard Fritch :
« Il faut faire attention à tous les adversaires. Je les crains parce que dans le schéma qui se présente à nous aujourd’hui, le A Here ia Porinetia va être en fin de comptes le facilitateur de l’arrivée au pouvoir d’Oscar Temaru. C’est ça que je crains puisque ce sont encore des voix autonomistes qui ne viendraient pas autour du Tapura Huira’atira pour battre les indépendantistes. Donc oui j’ai une crainte de ce côté là mais de toute façon ils ont passé le premier tour. Libre à eux. »

TNTV : Le mot d’ordre pour cet entre deux tours ?
Edouard Fritch :
« Venez nous aider, venez nous aider dans cette entreprise périlleuse que nous sommes en train de mettre en route aujourd’hui. Vous avez vu qu’on est capables de mettre de côté tout ce qui nous sépare, tout ce qui nous divise, et de se réunir pour un objectif précis qui est celui de faire barrage à l’indépendance de notre Polynésie. »

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