« Nous sommes dans un état d’urgence » résume Edouard Fritch pour justifier l’union improbable du Tapura Huiraatira avec le Amuitahira’a de Gaston Flosse. Au lendemain du dépôt de leur liste commune pour le second tour, le leaders des rouge et blanc et celui des orange ont officialisé ce matin dans le hall de l’assemblée leur décision « de mettre de côté leurs différences » et « d’unir leurs forces » pour « regrouper le plus grand nombre de voix autonomiste » et « faire barrage » à l’indépendance qu’ils qualifient de « voie du péril et du chaos ».
« Le discours des séparatistes est un écran de fumée pour faire croire aux électeurs que la question institutionnelle n’est pas un sujet d’actualité », a introduit Edouard Fritch. Devant ce « très grand risque pour la Polynésie », il vante un « acte de responsabilité » en faveur de « l’intérêt général et l’intérêt de notre Pays ». Avec cette « plateforme autonomiste », comme préfère la qualifier le président sortant du Pays, il s’agit de « protéger notre société », « les plus faibles », « de résoudre la problématique du foncier », de « lutter contre la vie chère », ou encore « d’atteindre l’équilibre financier de la PSG ».
Pour cette union, le Tapura annonce des concessions. Sur la forme, d’abord, avec le remplacement de quatre candidats rouge et blanc par des candidats orange. Ainsi, Romilda Tahiata, 13e dans la section 1 cède sa place Pascale Haiti. Patricia Lenoir, 15e dans la section 2, cède sa place à Katty Taurua. Teva Bernardino, 11e dans la section 3 cède sa place à Paul Haiti et Moehau Colombani 9e dans la section 4 qui concerne les Raromatai, cède sa place à Martial Teroroiria.
Concession aussi sur le fond, comme la réduction à 0,5% de la contribution pour la solidarité (CPS), la fameuse « TVA sociale »… avant sa suppression en 2024. Pas encore d’ouverture de postes en revanche au gouvernement pour le parti orange, affirmait-on ce matin.
« Je tiens à remercier Gaston Flosse (…). Aujourd’hui quelque chose d’extraordinaire se rétablit », a enfin déclaré Edouard Fritch pour qualifier avec « beaucoup d’émotion » ces retrouvailles après « cette rupture », une « déchirure qui a duré 10 ans et que nous portions tous les deux ».
Pointant du doigt les divisions au sein du parti bleu ciel, Gaston Flosse a lui aussi longuement mis en garde contre la stratégie des indépendantistes et, en particulier, contre le « comportement » de Moetai Brotherson, mettant en cause le bilan du député Tavini à l’assemblée nationale. « Qu’est-ce qu’il a fait pour notre pays en cinq ans ? Vous croyez que, lorsqu’il sera à la tête du pays, il va faire quelque chose ? », interroge le leader du parti orange.
Souverainiste depuis peu, le vieux lion avait pourtant lui-même indiqué sur le plateau de TNTV en 2020 que « l’autonomie avait atteint ses limites » pour justifier le virage de sa ligne politique. « L’indépendance, ça fait 43 ans qu’on en entend parler, ça n’a pas avancé d’un centimètre : nous, nous sommes décidés, nous avons la foi et la volonté d’aboutir, et nous aboutirons » ,avait-il alors déclaré à la chaîne pour défendre l’intérêt d’un « Etat souverain associé à la France ». Plus récemment, le 12 avril, Pascale Haiti, tête de section 1 pour le Amuitahiraa O Te Nunaa Maohi, avait également déclaré sur ce même plateau : « l’autonomie est effectivement arrivée à son terme ».
Interrogé ce matin sur sa définition du souverainisme et sur cette ardeur soudaine pour la protection de l’autonomie, le vieux lion a répondu, sous forme de boutade, qu’un « Etat associé à la France, c’est pas loin de l’autonomie, c’est plus près de la France ».
La liste du Tapura pour le second tour des Territoriales :