Le risque cyclonique est passé, la Polynésie peut souffler

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Il aura particulièrement inquiété les Polynésiens cette année : le risque cyclonique est désormais derrière nous ! Le fenua a donc échappé à un phénomène de grande ampleur alors que la menace était élevée ces derniers mois en raison d’un El Niño fort. La dépression Nat a tout de même impacté la Société, de même que deux épisodes de fortes précipitations, en décembre et février. Dorénavant, « on se dirige vers des conditions neutres », indique Météo France.

Publié le 25/04/2024 à 14:47 - Mise à jour le 26/04/2024 à 9:49

Il aura particulièrement inquiété les Polynésiens cette année : le risque cyclonique est désormais derrière nous ! Le fenua a donc échappé à un phénomène de grande ampleur alors que la menace était élevée ces derniers mois en raison d’un El Niño fort. La dépression Nat a tout de même impacté la Société, de même que deux épisodes de fortes précipitations, en décembre et février. Dorénavant, « on se dirige vers des conditions neutres », indique Météo France.

Les derniers jours du mois d’avril sont synonymes, sous nos latitudes, de fin de la menace cyclonique. « Pour l’instant, on est toujours en saison chaude, mais le risque cyclonique est loin derrière nous aujourd’hui », confirme à TNTV Victoire Laurent, la responsable de la division « études et climatologie » chez Météo France Polynésie.

Du fait d’un El Niño fort, les probabilités d’un cyclone étaient plus élevées cette année. « Il y avait une attention particulière au mois de février, car c’était vraiment le mois où toutes les conditions étaient réunies », souligne celle-ci.

La dépression tropicale forte Nat a tout de même touché les îles de la Société, mais en atteignant les côtes, elle a heureusement « rencontré des vents forts en altitude qui ont fait mourir le système ». Reste que dans son sillage, d’autres dépressions se sont formées. Comme TD 9F qui a engendré de très fortes précipitions les 10 et 12 février, surprenant les habitants de l’archipel et occasionnant d’importants dégâts.

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« On a eu des pluies que l’on caractérise d’intenses, c’est-à-dire plus de 150 litres par m2 en 24 heures. Or, ça a été la cas (…) En février, on a eu plus de 200 litres par m2 à Raiatea et Tahaa (…) Et aux Gambier, on a atteint un record. En un mois, il est tombé 723 litres par m2 », explique Victoire Laurent pour qui « on a une saison qui reflétait les prévisions qui avaient été faites ».

Et ce malgré les critiques, parfois, d’une partie de l’opinion publique qui estimait que les alertes étaient déclenchées durant, voire après, la survenue des phénomènes. « Il ne faut pas oublier que nous dépendons de l’Etat et du Haut-commissaire. Les gens ne comprennent pas que le haut-commissariat et la protection civile ont tendance à ouvrir un parapluie assez large », dit-elle. Une politique visant à réduire au maximum les risques pour les populations, mais aussi destinée à éviter le déploiement de moyens de secours alors qu’ils sont déjà mobilisés, comme pour toute situation de crise.

La température de l’océan diminue

Pour ce qui est des fortes précipitions des 10 et 12 février, une vigilance « jaune/orange » avait été émise car « le caractère du phénomène n’avait pas été qualifié d’exceptionnel ». « Il y a aussi la question de l’aménagement des rivières, des embâcles qui ont provoqué le débordement des cours d’eau. Il faut juger les choses dans leur ensemble », ajoute la météorologue.

Désormais, « on se dirige vers des conditions neutres ». « On voit déjà que le phénomène El Niño est en train de s’atténuer. Au plus fort, on était à environ 1,9 degré plus chaud que la normale au niveau de la température de la mer. Là, on est redescendu à 1,2 degré. On voit que la mer est en train de se refroidir ». L’année à venir pourrait donc être placée sous le signe de La Niña bien qu’il est encore trop top pour l’affirmer.

En revanche, un nouvel El Niño pour la prochaine saison chaude est improbable. « En 400 ans d’études sur le phénomène, on n’a jamais vu » deux El Niño consécutifs à un an d’intervalle, indique Victoire Laurent.

Ce qui ne veut pas dire que la Polynésie sera épargnée par le risque cyclonique.  « Il y a d’autres conditions qui jouent un rôle sur l’activité cyclonique. Il faut savoir si elles seront présentes ou non lors de la prochaine saison chaude (…) Il peut y avoir des cyclones pendant les périodes normales comme pendant le phénomène La Niña », rappelle-t-elle.

Sans radar, les prévisionnistes sont « un peu aveugles »

Les météorologues devront cependant attendre la fin de la prochaine saison fraiche pour disposer des données nécessaires afin de réaliser leurs modélisations.

Si Météo France Polynésie s’appuie sur différents capteurs pour établir ses prévisions, il lui manque « crucialement » un outil pour évaluer avec précision le volume des précipitations attendues : un radar.  « Grace à lui, on peut les voir arriver entre 1 et 6 heures à l’avance. On a une meilleure estimation de la quantité de pluie que le phénomène va générer. Cela permet d’affiner ce que l’on voit ».

Car sur les hauteurs de Tahiti notamment, les prévisionnistes sont « un peu aveugles ». Or, « on a entre 20 minutes et 2 heures pour réagir. C’est très court. Si on n’a pas cette information en montagne, on est incapable de prévoir les quantités d’eau qui vont arriver en bas de la rivière. On a vu l’exemple de la Papenoo. C’est une rivière qui tue à cause des fortes pluies qui tombent en hauteur et dont les gens n’ont pas conscience », souligne Victoire Laurent.

Ce radar rendrait donc la vue aux météorologues sur les sommets et pourrait contribuer à sauver des vies. Mais sa livraison n’est pas attendue avant l’année 2027, voire 2028.

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