Pour les opposants au projet, il n’y a pas d’autre solution que de l’arrêter. Mais malgré l’opposition au projet, pour les promoteurs, les conditions atmosphériques et la position de Mauna Kea font d’elle le lieu idéal à la construction du télescope de 30 mètres de diamètre. Le bâtiment qui l’accueillera fera 18 étages, ce qui fera de lui le plus grand télescope au monde. Actuellement, le plus large télescope fait 10 mètres de diamètre et il est situé aux îles Canaries. La construction d’un autre télescope est aussi prévu dans l’hémisphère sud dans le désert d’Atacama au Chili. Mauna Kea et le désert de l’Atacama ont tous deux des conditions atmosphériques idéales à l’observation du ciel (loin de la pollution lumineuse, seulement 40% de perturbation atmosphérique, très peu de poussière). Un autre site est retenu : celui l’île de La Palma aux Canaries, mais les conditions sont moins optimales selon les promoteurs du télescope. Sauf que là-bas la population semble être demandeuse du projet….
Lire aussi : Mauna Kea : la vie et l’organisation du camp au pied de la montagne
Plus d’un millier de manifestants campent en tous les cas pour le moment nuit et jour au pied de la montagne hawaiienne, à plus de 2 000 mètres d’altitude, où la température peut descendre en dessous des 10°C en soirée.
Un soutien venant de tout le Pacific et même au-delà
Des marques de soutien ont été observées sur toutes les îles de l’archipel hawaiien. À Waikiki, ils étaient près de 3 000 à marcher en soutien avec les opposants au projet dimanche.
– PUBLICITE –
Dans plusieurs états du Pacifique également, des manifestations ont eu lieu. Mauna Kea et son caractère sacré résonne chez plusieurs peuples indigènes mais aussi parmi les scientifiques.
Lire aussi : Manifestation à Tahiti pour soutenir les Hawaiiens contre le projet de télescope à Mauna Kea
Mercredi, les manifestants ont reçu la visite d’une délégation de Tonga. Parmi les 30 Tongiens, l’acteur Dwayne Johnson (the Rock) affirmait que « Mauna Kea représente tout Hawaii, toutes les îles et combien elles sont sacrées ».
À Tahiti, sur le site de Fare Hape, l’association Haururu organise ce jeudi une cérémonie en communion avec les protecteurs de Mauna Kea.
Des pétitions en ligne pour ceux qui ne peuvent se rendre physiquement sur la montagne
700 personnes ont signé une pétition en ligne pour décriminaliser les opposants au projet et trouver une alternative. Hier, la pétition lancée par les organisateurs du mouvement pour la protection de Mauna Kea a reçu plus de 172 000 signatures en ligne.
Le district de Big Island a voté lors de son conseil mercredi, un moratoire de 60 sur la construction du télescope, pour donner le temps aux deux parties de trouver un compromis.
Le gouverneur David Ige, a désigné le maire de Big Island, Harry Kim, comme médiateur entre les deux parties, afin de trouver une solution. Le sénateur s’est d’ailleurs rendu sur la montagne pour rendre visite aux opposants
Les pro TMT manifestent eux aussi
À plus petite échelle, un mouvement en faveur du projet organise lui aussi des manifestations. Selon les pro TMT (Thirty Meter Telescope), le télescope serai offrirai une opportunité unique pour Hawaii dans le domaine de l’astronomie et pour l’économie de Big Island.
Aujourd’hui, à 16 heures, les pro TMT et les opposants au projet manifesteront les uns à côté des autres au capitole à Honolulu.
Pourquoi le projet du télescope pose problème :
1 – Sa taille : le dôme qui accueillera le télescope fera 18 étages et sera visible de tous les habitants l’île.
2 – Le site choisi : la construction est prévue sur un site au sommet de Mauna Kea, Kūkahau’ula, à 4 200 mètres d’altitude. Il n’a jamais été touché ni construit depuis la naissance de l’île. Il fait partie de la « conservation land » qui a le même statut qu’une réserve naturelle. Mauna Kea renferme d’anciens sites funéraires et lieux sacrés (Kukahau’ula, le lac Waiau, une ancienne …) dont certains liés au chant de la création.
3 – Depuis les années 70, l’université de Hawaii est la seule à gérer ces terres depuis 1968. 13 télescopes ont été construits depuis 1973, certains sont devenus obsolètes et ne fonctionnent plus, bien qu’ils soient toujours là-haut. Chaque projet a suscité des réticences chez les Hawaiiens -ce n’est donc pas le premier conflit.
4 – La pollution : en plus de la pollution visuelle, l’activité des 13 télescopes a affecté le fragile écosystème du sommet : introduction de plantes et animaux envahissants… La récente décision de justice qui a donné raison aux promoteurs du TMT s’est appuyée sur l’étude d’impact environnementale affirmant qu’étant donné la pollution déjà existante, la dégradation qu’apportera le projet serait insignifiante. Pourtant, les risques de pollution de la nappe phréatique sont énormes : les télescopes stockent des quantités non négligeables de produits toxiques (acid hydrologique, pesticides, huiles de moteurs). La pollution de la nappe phréatique serait irréversible et affecterait l’eau potable de l’île sur plusieurs générations.
5 – La population qui manifeste pense fermement que l’état hawaiien et l’université de Hawaii ont échoué dans leur mission de préservation de la montagne, et que l’activité économique et les opportunités scientifiques ne doivent pas se faire au détriment de l’environnement et des croyances hawaiiennes. Selon eux, cette bataille n’oppose nullement la science à la culture.