L’année de 2024 a été marquée par l’exaspération des personnels de santé en Polynésie, en premier lieu ceux exerçant au sein des centres hospitaliers du fenua. En milieu d’année, 26 chefs de services menacent de démissionner.
« Nous ne pouvons plus exercer nos fonctions. Nous avons donné une intention de démissions. 15 jours après, nous n’avons rien vu arriver. Nous n’avons pas eu de discussions en direct, ni avec le président, ni avec notre ministre de tutelle, ni avec notre direction générale. Cela nous a semblé très compliqué de continuer à exercer nos fonctions et à faire fonctionner l’hôpital avec le manque de moyens que nous avions », déplorait alors le docteur Laure Baudoin, la vice-présidente de la Commission médicale d’établissement du CHPF.
Au mois de juillet, un accélérateur de particules de dernière génération pour accompagner les patients souffrant de cancer est mis en service. Mais le CHPF est en manque de lits pour accueillir les malades.
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« Je suis arrivée à 2 heures du matin et on m’a appelée à 4 heures. J’ai eu ma prise de sang à 6 heures et là, je viens de passer au scanner et il faut que j’attende encore 2 heures pour avoir les résultats. C’est long », soufflait une patiente.
Un problème chronique encore plus criant dans nos îles. « Au bout du rouleau », les soignants de l’hôpital d’Uturoa, à Raiatea, demandaient des moyens humains et matériels au plus vite.
« Il y a urgence en particulier aux urgences avec un manque de personnels médicaux et paramédicaux, ainsi que dans d’autres services de l’hôpital : la radiologie, la pédiatrie, la maternité, la chirurgie et la radiologie, ainsi que le service de rééducation où il n’y a plus de kinésithérapeute », constatait le docteur Philippe Dubois, le secrétaire général du Syndicat du personnel soignant des Iles Sous-Le-Vent.
Quelques mois plus tard, c’est la centrale de refroidissement de l’hôpital d’Uturoa qui lâche, ce qui conduit à l’arrêt le service de chirurgie.
Côté avancées, l’Assemblée de Polynésie donne son feu vert à la légalisation du cannabis thérapeutique destiné à soulager les malades de certaines pathologies chroniques. Une loi qui a fait écho à une décision de justice exceptionnelle. Ariimatatini Vairaaroa est relaxé. Il était poursuivi pour culture et usage illicite de cannabis qu’il utilisait en huile pour masser son fils lourdement handicapé.
« Je suis soulagé parce que c’était un moment de stress. Je me préparais à aller en prison. Je suis prêt à tout pour mon fils. C’est mon médicament. Je veux absolument qu’il ne fasse plus de crises », confiait le père de famille. Un soulagement de courte durée toutefois puisque le parquet a fait appel de cette relaxe et qu’un nouveau procès se tiendra prochainement.
Retour au CHPF. En août, les conditions d’accueil de l’unité psychiatrique Tokani interrogent. Elles sont jugées « particulièrement indignes » par deux rapports du Contrôleur général des lieux de privation de liberté datant de 2012 et 2021. Exaspéré,le psychiatre en chef scelle à la colle époxy les portes des cellules pour empêcher leur utilisation.
« Les conditions de vie à l’intérieur de ces cellules ne sont pas dignes d’un être humain. En maintenant ce genre de conditions, il va arriver un drame (…) À force de tirer sur la corde, on va briser le personnel qui est déjà épuisé. Et l’on crée les conditions idéales pour que le drame arrive », témoignait une source désirant rester anonyme.
Enfin, pour conclure cette année 2024, le CHPF accueille une nouvelle directrice. Hani Teriipaia succède à Claude Panero. Pour 2025, la nouvelle directrice du CHPF devra « avancer sur les futurs développements du CHPF et ses futures programmations de travaux », tout en prenant en compte les besoins humains et matériels récurrents d’une structure hospitalière qui fêtera ses 23 ans.